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Aurélie

Aurélie.

Thérapeute. Femme. Corps vibrant. Cœur immense.

On s’était déjà rencontrées à plusieurs reprises.
Elle m’avait confié, à l’époque, le soin de créer les souvenirs de son mariage,
puis une séance en famille, et une autre, plus intime, « Boudoir et sensualité ».
Mais cette fois-ci, c’était différent.

C’est moi qui suis allée vers elle.
Quand je me suis formée à la Médecine de l’image,
j’ai senti, profondément, que c’était avec elle que je voulais vivre cette première traversée.
Elle a accepté. Avec toute la justesse et la puissance de qui elle est.

Elle est arrivée avec ses douleurs, ses émotions, sa vérité nue.
Et ensemble, nous avons créé un espace pour tout cela. Sans masque. Sans filtre.

Quelques jours après la séance, elle m’a écrit ce texte.
Un texte brut et bouleversant, que je considère comme un véritable bijou d’humanité.
Un témoignage qui parle de douleur chronique, de sensualité, de honte, de puissance,
et de réconciliation avec le corps.

Je le partage ici, avec son accord, comme on offre une prière silencieuse au monde.
Peut-être qu’il viendra résonner en toi aussi…

Voyage du corps en photo.

16 juin 2024

Tout est parti de cette phrase qui me fut confiée après que je fasse une diatribe de combien je n’aimais pas mon corps. Et quelle phrase ! « Ce n’est pas parce que tu ne trouves pas ton corps beau, que tu ne peux pas l’aimer » (Marie P).

Je réalisais alors qu’au-delà de son esthétique, je n’y voyais pas grand-chose à aimer. Certes, je fonctionnais mais je devais très souvent composer avec douleurs et maladie. J’entamais alors un cheminement pour créer une alliance avec mon corps. Quelques semaines plus tard, Sophie me contacte et j’entends les mots : « réconciliation avec le corps, thérapie par l’image, … » Synchronicité. Une telle opportunité sur mon chemin, cela s’accepte les yeux fermés.

Ce jour-là, j’avais mal. Cela faisait trois semaines que j’avais en continu une sensation de cystite… après que celle-ci soit traitée. Il n’y a donc rien à faire. En tout cas, rien de miraculeux. Je suis kinésithérapeute périnéo sexologue donc évidemment que j’ai d’abord imaginé le pire avant même de me traiter. Mais, sur le chemin de cette réconciliation avec mon corps, pour une fois, au lieu d’être en colère sur les symptômes, je me suis occupée de moi. Seule dans un premier temps. Vous savez ce qu’on dit sur les cordonniers. J’ai bien dû reconnaitre qu’il y a certaines choses que je propose habituellement aux patientes dans cette situation que je ne pouvais pas faire sur moi-même. J’ai donc appelé de l’aide pour compléter ma prise en charge. J’ai expérimenté combien cela fait du bien d’être touchée et prise en soin par quelqu’un d’autre. D’avoir cet autre qui nous regarde et nous dise « ça va passer, j’ai confiance, c’est en bonne voie ». De lâcher prise…

Bref, la veille, j’avais eu un répit. Mais j’étais à l’affut de le reprise de cette sensation d’urgence. Une sorte de détresse s’était emparée de moi. Je ne voyais pas la fin. Je ne comprenais pas. Je n’avais jamais autant pris soin de moi en termes d’alimentation et de sport. Pourtant, mon corps s’exprimait encore plus que d’habitude. « Peut-être doit-il rejeter le toxique ? À l’instar des fumeurs qui toussent d’autant plus 3 mois après l’arrêt du tabac. »

 

Sophie m’a accueillie tout sourire, comme à l’accoutumée. Elle m’a proposé un thé et m’a mise à l’aise. Un quart de seconde de réflexion « le thé est un excitant pour la vessie, je devrais dire non… Oui mais c’est chaud et réconfortant avant de me mettre à nue. Zut, j’aimerais en avoir ». C’est ça aussi les douleurs chroniques c’est apprendre à vivre avec, mettre des choses en place pour les prévenir et d’autre part, veiller à ne pas tomber dans l’hypervigilance. Un exercice de funambule.

Sophie me propose de commencer habillée. Je ressens que je dois tomber les armures pour que cela matche avec l’objectif de la séance. Je prends parti de ne commencer qu’avec un foulard pour cacher ma nudité. Rouge pour évoquer ce feu en moi. Mes douleurs comme des braises sous la cendre mais aussi ma fureur de vivre et de créer, de me transcender. Sophie propose de démarrer par de la méditation. Je lui exprime que j’ai pour habitude de pratiquer l’hypnose. Elle adore l’idée (vous apprendrez qu’il n’y a pas plus enthousiaste et encourageante que Sophie) et me laisse faire…

 

Et voilà les flash qui démarrent.

 

Je rentre en hypnose mais l’intention de la séance photo est là. Et les douleurs se rappellent à moi. Elles font partie de mon chemin. Le bruit latent de leur présence gonfle en moi et je découvrirai plus tard mon visage qui exprime cette douleur sourde dès le début des photos. Un visage fermé, sévère, le menton avancé, toujours, pour attaquer… pour continuer malgré ce corps de souffrance. Et comme il me faut aller de l’avant, rester en mouvement, me voilà à faire une salutation au soleil… Nue !

 

Je m’aime rarement en photo. J’ai eu, par trois fois déjà, le plaisir de passer sous l’objectif de Sophie et je ne me suis jamais aimée lors du premier visionnage. Malgré le grand talent de la photographe, je me vois indubitablement moche. Ce n’est que deux ans après que je ne me critique plus autant… et encore. Je craignais ici d’autant plus la présentation des photos. Je me suis présentée à l’objectif comme je suis. Sans maquillage. Sans travailler mes cheveux bouclés qui frisent par ce temps désespérément humide. J’ai bougé comme je suis. Sans veiller à cacher mon ventre ou à mettre en avant les rares éléments de mon corps que j’apprécie.

 

Ma grande surprise fut que je n’attendais aucune beauté. Je voulais me découvrir moi. Et ce fut chose réussie. J’ai vu toutes les émotions que m’avaient apporté mon corps mis à nu. Les douleurs, les pleurs qui m’ont surprises quand j’ai touché mon ventre qui sera désormais vide, la joie de danser et d’embrasser le mouvement, ma résilience et ma rage d’en démontrer, la reconnaissance à mon corps qui a donné la vie, … J’ai vu une femme forte et puissante. Je ne voyais plus mon physique en premier lieu. Je voyais la femme et son histoire.

 

Ce n’est que quand Sophie a demandé mon accord pour la diffusion des photos que je suis retombée dans le schéma d’observation habituel. « Les gens vont voir mon corps. J’ai des patientes sur cette page, des amies, des mamans d’école, … Elles vont me juger sur le simple fait que je m’exhibe or ce n’était pas mon intention. Je voulais guérir. Elles vont voir mon ventre, mes bras trop larges, … Je suis moche ! Je ne peux pas montrer ça ! » (Vous remarquerez que je crains l’image que je renvoie à mes sœurs et non au regard des hommes. Or les femmes de ma vie d’aujourd’hui sont une communauté de douceur et de bienveillance. Mais les traumas d’harcèlement ont la vie dure). D’un coup, mon esprit a basculé et j’en voulais à nouveau à mon corps vieillissant, à mon endobelly, à cette pilule qui me donne l’impression d’avoir un corps ménopausé,… Une autre leçon. Celle qui finit toujours par me rattraper. Me détacher du regard des gens, du regard de notre société.

 

Si, aujourd’hui, les photos sont diffusées, c’est que j’aurai, grâce à Sophie, franchi un petit cap de plus. Vivre pleinement en sortant de mes projections sur autrui. Toucher du doigt « l’ange aux cheveux roses » de Michel Berger. Assumer mon corps et son histoire qui reflète ma vie de femme, maman, épouse, thérapeute, collègue, amie, fille, sœur, … Mon précieux corps à moi en constante évolution qui a son propre langage que j’apprends de plus en plus à parler. Je ne suis pas un être fini et c’est bien là que réside tout le plaisir du voyage.

« J’attendais d’être », Aurélie Vande Woestyne

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